\ »Hypnoses : Créativité et inspiration\ »
Après le succès rencontré par le colloque 2013 sur l\’hypnose, organisé par l\’ARCHE , le colloque 2014 , qui s\’est tenu fin septembre à Paris, à été un véritable festin pour les sens et l\’intellect. Les co-animateurs, Kévin Finel et Jean Dupré (fondateurs de l\’ARCHE) ont proposé des intervenants provenant du domaine de l\’hypnose, et d\’autres, dont l\’expérience personnelle ou professionnelle, viennent enrichir la pratique de l\’hypnose. Ci-dessous, un bref compte rendu de ce voyage passionnant dans certains recoins de notre cerveau :
Atteint du syndrome de Guillain-Barré (une maladie rare, imprévisible et pouvant survenir à tout âge) qui se caractérise par une faiblesse, voire une paralysie des membres, Claude Pinault nous fait rire et réfléchir en affirmant d\’emblée « Je vais parler de moi, il n\’y a que moi qui m\’intéresse ! » phrase qui prendra tout son sens durant sa présentation.
Avant d\’être atteint d ce syndrome, Claude Pinault état un homme debout et vivant ; après, un homme couché et paralysé. Le voici sur scène, debout et vif, avec une canne qui l\’aide, ou le dérange, parfois, et dont il se passe après cinq minutes de présentation !
Il nous raconte les paroles de deux des médecins qui se sont occupés de lui. Celui qui lui a apporté du désespoir en disant « C\’est fichu, il n\’y a plus de jus ! » puis celui qui lui a dit de ne pas se fier aux statistiques médicales, « Il y a toujours un doute, et donc une lueur d\’espoir ! »
Il raconte sa colère pour les paroles du premier, puis le doute instillé par celles du second : « Une possibilité d\’espoir », dans laquelle il s\’est engouffré. Et a décidé d\’être à nouveau debout un jour ! Alors, sans rien connaître de l\’auto-hypnose, il s\’est imposé une discipline mentale de fer, avec au bout la résilience et la guérison :
Tout d\’abord, il s\’est « dissocié » de son état en plaçant sa conscience à l\’extérieur et au-dessus de son corps. Puis, sans même connaître l\’homunculus de Penfield, il a agrandi visuellement ses membres dans son imagination pour leur donner plus de puissance. Puis il a commencé sa gymnastique mentale, « Je n\’avais rien d\’autre à faire », consistant à imaginer le processus inverse du « rétrécissement sensoriel » entraîné par la maladie, « un mouvement perpétuel et incessant, comme un fil qui allait de la tête aux pieds, et des pieds à la tête. » Sans le savoir, il était en train de (re)créer les connexions nerveuses disparues !
Il nous lit ensuite un extrait de son livre : La venue de la belle et jeune infirmière au grand décolleté : Et son cerveau d\’homme qui réagit à cette vue somptueuse… alors que son corps, inerte, ne réagit pas :« J\’avais mal à l\’homme. » Puis il nous raconte la première fois où une première partie de lui à bougé : Ce petit doigt qui un jour se dresse ! « La plus belle érection de ma vie, ça a été celle de mon petit doigt ! » Rires et émotion. « Le désir doit être plus fort que la peur ! » Le désir de vie plus fort que la peur de la maladie, de la perte de soi.
Claude Pinault termine en compagnie de Tolstoï « Si tu veux être heureux, sois-le ! » tandis qu\’une de ses questions reste suspendue dans les airs, « Vaut-il mieux donner de faux espoirs ou un vrai désespoir ? »
Claude Pinault n\’aura pas été le seul à nous donner une leçon d\’authenticité et de courage : Jonathan Bel-Legroux, à l\’âge de 14 ans, est anorexique, pèse 40 kg et est diagnostiqué bipolaire.
Pour sa mère, il est important que Jonathan apprenne que différentes célébrités vivent aussi avec cette maladie, dont Robin Williams : Evidemment, si même Peter Pan est plus fort que cette maladie, c\’est très inspirant pour le jeune homme !
Comme il est enfermé dans une chambre sans fenêtre, il créée, à l\’aide de quatre feuilles de papier qu\’il colle sur un des murs, « la fenêtre sur mes rêves » et les y écrit « Bouger ! Grimper ! Monter ! Avancer, … »
Six ans plus tard, il a 20 ans, pèse 90 kg et est rugbyman avec passion ! Malheureusement, il se casse une épaule lors d\’un match : Fini le rugby. Alors, il se souvient du deuxième mot inscrit sur la « fenêtre sur ses rêves » : Grimper. Et c\’est ainsi qu\’il devient escaladeur ! Puis coach ! Puis hypnopraticien !
Jonathan nous rend attentifs au fait qu\’un sportif doit tenir compte d\’un élément supplémentaire : L\’instant présent ; et c\’est ainsi qu\’il transfère cet élément au coaching et à l\’hypnose : Faire avec ce qui est dans l\’instant. « Etre dans l\’instant » pour lui, cela veut dire « rêver puis agir » : « Reconnectez-vous à votre fenêtre ! » « La combinaison des deux est une pépite qui permet à tous le changement »
Il en est la preuve !
Dominique Espaze nous parle de douance et de ceux qu\’en Europe on appelle « enfants ou adultes à haut potentiel ».
Leur fonctionnement différent (et les problématiques que ce fonctionnement entraîne) provient d\’une hyper-excitabilité limbique et d\’une plus grande utilisation de leur cerveau droit que du gauche.
Ceci entraîne chez eux un système sensoriel hyperactif ainsi qu\’un fonctionnement neuronal en arborescence. Ces particularités vont exiger d\’eux une hyper-adaptation au monde ou entraîner une hyper-lucidité avec, pour conséquence, une révolte permanente pouvant aller jusqu\’à entraîner du stress, de la dépression, des addictions ou même des maladies auto-immunes.
De plus, ces symptômes amènent malheureusement souvent à un diagnostic erroné, la douance n\’étant pas enseignée en psychologie et psychothérapie (par exemple, 90% des anorexiques sont surdoués sans que ni eux ni leur médecin ne le sache). Ce qui les amène par la suite à faire partie des 30 à 50% des gens qui consultent en psychologie ou coaching.
Puisqu\’ils possèdent un grand imaginaire et sont naturellement autonomes, il s\’agit, pour l\’hypnopraticien de les surprendre et de les captiver, en utilisant par exemple des métaphores d\’autres clients ou patients possédant des capacités similaires. Et parce qu\’ils cherchent des clés de compréhension, ils sont curieux de la façon dont fonctionne leur inconscient : Ca vaut donc la peine de leur apprendre rapidement l\’auto-hypnose.
Techniquement parlant, attention à ne pas faire de confusion durant l\’induction (l\’état de confusion étant déjà une tendance naturelle chez eux) mais au contraire les aider à se « poser » grâce à une mise en transe tonique par l\’utilisation de tous leurs canaux sensoriels (dessin, mouvement, etc.)
Pour les PNListes, il est important de savoir que ce sont des personnes qui fonctionnent en référence interne demandant une validation externe, et également qu\’elles ont tendance à utiliser simultanément les deux extrêmes d\’un méta-programme.
Allons au-delà de ce qui semble être de l\’orgueil et qui n\’est que la façade derrière laquelle se cache une extrême vulnérabilité. Finalement, « le challenge est de les amener à créer une synergie entre leur intelligence arborescente et leur extrême sensibilité ! »
Commandant d\’escadrille de la Patrouille de France et chef de patrouille, Cédric Tranchon nous raconte une aventure non seulement technique mais surtout humaine : Une escadrille, c\’est une expérience collective permanente, d\’où la nécessité pour ces pilotes de vivre ensemble dans leur bulle : Totalement dissociés du monde extérieur et totalement associés à l\’escadrille.
Au niveau technique, le premier défi qui les attend est de désapprendre tout ce qu\’ils ont appris dans l\’armée de l\’air pour réapprendre à voler autrement : Voler à 600 km/h à huit avions, avec un espace de deux mètres entre eux et en volant parfois à cent mètre du sol seulement, ça demande une attention absolue ! Le « leader » est le conducteur de l\’ensemble – comme s\’il s\’agissait d\’un seul avion de soixante mètres de large – de huit dans trois dimensions, c\’est dire !
Comme il le dit, ça demande à tous de « changer de câblage neuronal » : Leurs huit cerveaux doivent être au diapason de celui du leader tandis que ses yeux sont les yeux de la Patrouille ; quant à la forme énergétique de l\’escadrille, elle doit parfaitement correspondre à celle du nombre d\’or : la forme de la lettre grecque « phi ».
Pour arriver à cela, la préparation mentale à terre est indispensable : Ensemble, assis dans une pièce, leur leader face à eux, ils vivent ensemble leur vol, ce processus de représentation mentale se nommant « La musique ». Le leader est le chef d\’orchestre, sa voix est sa baguette ; de par son tempo et ses intonations, elle va donner la cadence, c\’est « la voix qui montre la voie ». Le leader indique de la voix le prochain mouvement à faire en l\’accompagnant des mains (comme s\’il tenait son manche) tandis que les autres pilotes – certains les yeux ouverts, d\’autres les yeux fermés -, reproduisent ensemble les gestes indiqués par la voix. Tout ce qui est fait au sol sera reproduit à 100% en vol afin de parer à tout imprévu (à 600 km/h, il vaut mieux!)
Leur secret, c\’est d\’emporter dans leur tête et pour chaque démonstration – où qu\’elle se passe – leur terrain d\’entraînement de base, « c\’est comme si une énorme bulle de Salon-en-Provence nous entoure où que nous nous trouvions ».
Comme le dit le commandant Tranchon pour terminer « C\’est comme faire d\’un exercice de physique une oeuvre d\’art ! »
Je ressors de ce colloque – qui nous a permis d\’entrer dans différentes visions de l\’hypnose – avec la certitude que nous sommes à l\’aube d\’un développement phénoménal de nos connaissances dans ce domaine. Convaincue que l\’état de transe est un état naturel et qui se travaille – ce que certains ont appris à faire par eux-mêmes pour guérir ou créer -, il est source de véritables miracles. L\’hypnose ? Plus qu\’une discipline, un art !
Cécile Wyler Roulet – www.sigmasolutions.me – 2014 – Tous droits réservés